L’apprentissage obligatoire est-il favorable au développement de l’enfant ?
Oser interroger la sacro-sainte obligation d’instruction soulève bien des questions et… des peurs ! La Ferme aux Enfants a récemment revu son organisation pour répondre au mieux à son objectif : une école à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui, une école qui sert véritablement la vie, et permet à nos enfants de rester enthousiastes, d’épanouir leur potentiel, leur force, leur intégrité, leur singularité, leur créativité, leur affectivité.
L’équipe éducative de La Ferme aux Enfants a été conduite à remettre en question son modèle suite à plusieurs rencontres (André Stern, Clara Bellar, l’équipe de l’Ecole Dynamique).
La Ferme aux Enfants accueille des enfants de la maternelle au collège pour construire l’avenir dans le respect de la vie. L’équipe s’est constituée au fil du temps autour de la directrice et fondatrice Sophie Bouquet-Rabhi. L’approche adoptée par l’équipe était jusqu’à récemment orientée vers les pédagogies dites actives (principalement d’inspiration Montessori et Freinet).
Les constats de l’équipe éducative de la Ferme des Enfants
1. Un combat contre l’enfant
De nombreux problèmes rencontrés à La Ferme des Enfants tiennent à l’existence d’un combat contre les énergies naturelles des enfants.
2. Une double injonction inconciliable
« Sois libre, sois toi-même, fais tes choix » et en même temps « apprends ce qu’il t’est demandé d’apprendre. » Aucun adulte ne peut se voir obligé d’apprendre le chinois, la trigonométrie ou la physiologie. Dans un état démocratique, on n’obligera jamais un adulte à connaître par cœur la constitution européenne, ou l’histoire complète des religions, comprenant la liste des personnages et dates significatives.
Cette obligation serait vécue comme une forme de maltraitance, d’endoctrinement ou de totalitarisme. Chacun tient à sa liberté, et possède le droit d’avoir les centres d’intérêts qu’il veut.
Comme le châtiment corporel, l’obligation d’apprendre « pour le bien d’autrui » est donc une maltraitance, reconnue dans le monde des adultes mais niée dans celui des enfants.
3. Les apprentissages sont portés par l’adulte
L’enseignant adapte, réadapte et réadapte encore ses propositions, au sacrifice de ses week-ends de repos. Il se questionne sans cesse. Il brasse des quantités de matériels pédagogiques, innove de septembre à juin et cherche, semaine après semaine, les astuces amusantes qui permettront à l’enfant d’adhérer aussi volontiers que possible aux apprentissages imposés.
Bref : il est dans la stratégie, pour ne plus être dans la violence de l’obligation, des notations, des injonctions, de la discipline, du non-choix, du gavage scolaire insipide…
4. La nature de l’apprentissage
L’enfant vient au monde apprenant. Lorsque nous nous demandons quelles sont les circonstances dans lesquelles nous apprenons « le mieux », nous constatons que c’est invariablement quand nous sommes intéressés, passionnés, disponibles, quand nous avons un objectif personnel à atteindre ou encore parce que l’apprentissage en question est induit par des circonstances et se fait de manière inconsciente, par immersion. C’est ce que nous appelons l’apprentissage informel ou l’apprentissage autonome.
Comment se fait-il que dans les écoles démocratiques comme Sudbury ou Summerhill, il y a moins d’illettrisme que dans l’éducation nationale ?
Le cerveau de l’enfant est adapté pour répondre à des besoins et problématiques réelles. Pouvoir lire les informations écrites partout dans notre monde est un besoin réel et sérieux, qu’aucun enfant normalement constitué ne néglige, consciemment ou pas. Quelle importance d’apprendre à 5 ans ou à 13 ans ?
« A quoi cela me sert d’apprendre des choses dont je pourrais avoir besoin, par anticipation ? Mon cerveau ne va pas s’évaporer ! Il est disponible, et ses capacités sont là. Le jour où j’ai besoin d’un savoir, je l’apprends, c’est tout. » – Lucas (13 ans)
Les changements adoptés par la Ferme des Enfants
Honorer vraiment l’apprentissage par la qualité de l’environnement naturel, matériel et humain autour des enfants
- Le développement d’un espace extérieur libre dans la maternelle
- Plus de sorties et de découvertes accompagnées hors de l’enceinte de la maternelle.
- Cours non obligatoires au collège
Au plus les exigences diminuent, au plus les collégiens s’investissent en profondeur et de manière assumée dans ce qu’ils ont choisi de faire. – Sophie Rahbi
Organiser l’école et le collège comme une vaste ambiance Montessori
- Mettre autour de l’enfant un environnement adapté à sesbesoins pour qu’il y réponde par lui-même :
- L’apprentissage libre dans un environnement préparé
- La vie démocratique (dont tous les participants seraient des « membres », comme dans une organisation associative)
- L’accueil de membres de plus de 15 ans (dans un premier temps, la possibilité pour les 3ème de poursuivre à La Ferme des Enfants, ou pour nos anciens élèves d’y revenir)
- Un environnement préparé avec des lieux dédiés tous niveaux confondus :
- un espace langages (français et langues)
- un espace mathématique et scientifique
- un lieu multimédia / médiathèque
- un espace art et créativité
- un atelier de bricolage
- un espace musique
- un espace calme (détente, relaxation…)
- des espaces de convivialité à l’intérieur et à l’extérieur
- la ferme et le jardin, à développer toujours plus
- l’accès aux activités professionnelles (chèvres, boulangerie, savonnerie, chantiers du moment…)
- la coopérative d’activités développée par les collégiens (guinguette, élevage, jardin, achat-revente de livres d’occasion et toute autre initiative à venir…)
- la multiplication des sorties vers le monde extérieur
Une vie démocratique structurée et structurante
- une Carte Commune (personnalisée) de citoyen, impliquant une formation préalable aux compétences relationnelles et organisationnelles du lieu (langue girafe – communication non violente -, compréhension de la gouvernance en vigueur, connaissance des règles…)
- un Conseil d’école, organe de gouvernance de l’ensemble de l’organisation et qui rassemble tous les membres
- un Conseil de Paix pour gérer les différents
- des Cartes Rôles, correspondant à des compétences et ressources spécifiques avec formation préalable (médiateur, animateur, facilitateur, etc)
Un accompagnement bienveillant et consistant
- Les adultes encadrants s’engagent dans un travail de clarification entre ce qui appartient à leur histoire et ce qui appartient à la réalité d’ici et maintenant (travail sur l’enfant intérieur, sur les blessures émotionnelles du passé)
- Les adultes assurent un environnement sécurisant, un repère fiable, constant et cohérent, qui ait tout à la fois du répondant et de l’empathie (cadre bienveillant)
Les adultes doivent être d’autant plus solides que la liberté est grande. – Sophie Rahbi
La fin des apprentissages obligatoires et systématiques, pour apprendre mieux
- Renoncer aux attentes à court, moyen ou long terme, la seule vigilance étant de s’assurer que l’enfant est heureux et épanoui dans ce qu’il vit.
Cesser d’attendre des résultats de nos enfants est un véritable changement de paradigme qui nous invite à travailler sur nos peurs, sur notre volonté de maîtriser ou contrôler le vivant, pour nous ouvrir sur la richesse de la confiance. – Sophie Rahbi
Accompagner cette pédagogie scientifiquement
- Suivi des résultats par un comité scientifique composé de spécialistes en pédagogie, de médecins (neurosciences) et de chercheurs
Des pédagogies actives… à pas de pédagogie : la suite logique d’une expérience vivante !
Les évolutions exposées ici ne sont que la suite logique d’une expérience vivante. Si la forme change, le fond de notre intention reste toujours le même : respecter l’enfant dans ce qu’il est afin qu’il s’accomplisse dans toutes ses dimensions, bien au-delà du cadre restrictif de ce que nous pourrions vouloir de mieux pour lui. Notre fil conducteur, la bienveillance, reste au cœur de notre démarche.
EcoLIBRIS s’inscrit dans cette démarche.
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